Nous mangeons, aujourd'hui, de la graisse et du sucre. Une tartine dont le pain a disparu. Et cette nourriture, si nouvelle pour une espèce mangeuse de pain et céréales révèle une double inégalité entre les hommes: certains vont résister à l'offre du sucré et du gras, d'autres non; et, parmi ces derniers, certains vont gaspiller impunément le trop manger, d'autres le stocker et/ou en être malades.
Les maladies du trop manger - pour la plupart cardio-vasculaires - tuent un homme sur deux, remettant en causes les progrès immenses enregistrés depuis quelques dizaines d'années dans le domaine des maladies infectieuses, réduisent l'espérance de vie que ces progrès avaient assurée. Et la médecine curative n'y peut presque rien. Les hôpitaux-cathédrales, les centres de recherches, les usines pharmaceutiques continuent à développer les mêmes armes alors que l'ennemi a changé.
Quelles sont les solutions pour demain ? Soit accepter la mort de ceux qui ont trop mangé, alors qu'ils ne le supportent pas. Mais alors que deviendront nos droits ? Soit instaurer la grande prohibition et mettre tout le monde au pain sec et à l'eau. Mais est-ce possible en démocratie et nos libertés n'en seraient-elles pas menacées ? Soit, solution inégale entre toutes: laisser certains s'empiffrer impunément, d'autres étant au régime dès la naissance. Mais peut-on accepter cette scandaleuse différence ?
Dans Les mangeurs inégaux, le docteur Marian Apfelbaum, professeur agrégé, médecin biologiste des Hôpitaux de Paris et Raymond Lepoutre, journaliste médical, racontent les mécanismes par lesquels une certaine nourriture rend malade, l'évolution de la médecine et la façon dont elle est arrivée à son triomphe, puis à son blocage dans ce domaine - enfin, comment l'Etat qui, pendant des siècles, dirigeait les mouvements de la nourriture, a abandonné tout pouvoir depuis que la disette a disparu.
Page mise à jour le 16/06/2012